L'Europe occidentale, qui, heureusement, n'a
pas connu de guerre depuis soixante-dix ans,
conserve de nombreuses archives et ce passé
est vivace et largement évoqué. Mais déjà
s'efface l'empreinte que ces tragédies ont
imprimée dans les familles. Il faut déjà avoir
un certain âge, pour avoir entendu raconter la
bataille de Verdun par ceux qui y avaient
participé. Mais c'est une expérience plus
marquante qu'un cours d'histoire.
Quand on veut manipuler un peuple, on
commence toujours par détourner le sens de
l'histoire, en occultant des épisodes ou en les
falsifiant. La conservation de la mémoire est un
pas vers la liberté, tant il est vrai que l'histoire
des individus et celle des familles s'inscrivent
dans celle des peuples.
Le jour viendra, où les
témoins directs de la
seconde guerre
mondiale auront aussi
tous disparu. Les
professeurs et les
manuels font leur office,
mais, ils ne nous disent
pas comment les nôtres
ont directement souffert
de ces conflits, qu'on leur
avait imposés.
Sauvegarder cela, c'est
œuvrer pour ce monde,
mais aussi pour les
siens, pour la paix, pour
la liberté.
On sait combien de milliers de mort fit un
bombardement, ce sont des chiffres, souvent
vertigineux de ce qu'a pu être la barbarie
humaine. L'un de nous a peut-être perdu une
partie de sa famille sous ces décombres, et
dû faire face aux difficultés de la vie pendant
de longues années. Pour l'enfant qui a perdu
l'un de ses parents dans ces circonstances,
l'arrêt des hostilités ne signifie pas la fin de
ses difficultés.
C'est cette mémoire-là que ne transmettent
pas les cours d'histoire. C'est l'histoire
individuelle, pas l'histoire globale ; elle ne
raconte pas les grands événements, mais ce
que fut le quotidien de ceux qui ont subi.